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Carnet de notes d'un voyageur à vélo : après Jérusalem, nouvelle destination : l'Inde du sud

Une journée ordinaire, pas forcément pour tout le monde!

Une journée ordinaire pas banale 
J’ai déjà été réveillé une première fois vers 4h30  par le chant lointain du muezzin depuis la mosquée du village voisin, mais les 6 heures au clocher de l’église de Taibeh ont sonné comme si les cloches étaient dans ma chambre, ça m’apprendra à demander l’hospitalité dans un couvent. Tout cela parce que je voulais prendre une bière : Taibeh est le seul village chrétien de palestine et brasse de la bière plutôt bonne. Ici pas de problème de cohabitation entre chrétiens musulmans, le son des cloches des églises se mêle au chant du muezzin.
Je me lève un peu plus tard et commence à préparer les sacoches, le linge lavé la veille est sec. Cool, je vais pouvoir transpirer dans du propre. Je remets mes petites affaires dans leurs petits sacs, les petits sacs dans les sacoches, le plus lourd au fond. Des années de scoutisme ça laisse des traces ! 
Je retrouve ma petite boule au creux de l’estomac des matins de départ, je la reconnais bien cette sensation qui m’alerte : attention attention fin de zone de confort, vigilance vigilance…
Petit déjeuner à l’Européenne  avec comme extra de l’huile d’olive et du zatar
Aujourd’hui l’étape c’est Taibeh Jericho : étape plutôt cool, que de la descente ou quasi, je vais passer de 800m à moins 400 m et de moins de 30 km. J’ai le temps… Départ sans hâte . 
Du temps : Idéal, pour lire le texte du jour, tient justement c’est la saint Luc, il n’est pas tendre avec ses lecteurs. Du temps aussi pour me poser et me rendre présent au présent une fois que tout est prêt et taquiner ma petite boule dans le ventre avec tendresse .
Chargement des sacoches, arrimage du tout, eau fraîche dans les bidons (ça va pas durer dans une heure je pourrais faire du café avec !). Ok all is good ! Yallah ! Petit détour devant le bar d’hier soir pour profiter l’air de rien du Wi-Fi et relever ma messagerie… Et j’attaque pour de bon l’étape. 
La route est somptueuse j’essaye de ne pas le laisser emporter par la vitesse pour en profiter au max. Je chasse de ma tête le bon moment passé juste avant de partir avec sœur Claudine et ses explications dans la maison des paraboles ( des locaux des objets qui rappellent des passages dans les évangiles). Il faut vraiment s’en mettre plein les yeux et ne penser à rien d’autre que cela, ça tombe bien que les freins chauffent, je m’arrête pour ne plus y penser, j’ai le temps…
Une petite vérification sur la carte pour m’assurer que je suis le bon chemin,  j’ai déjà payé cher en dénivelé et en km des intersections ratées ou mal interprétées.

J’approche de Jericho, j’ai déjà passé un check point temporairetment désaffecté,  là c’est un immense panneau rouge annonçant  que je rentre dans une zone où je risque ma vie !! Jericho est une zone sous administration palestinienne totale et interdite aux israéliens. Je trouve ce panneau humiliant pour les palestiniens que l’on suppose dangereux et n’incitant les israéliens qu’à la méfiance pour leurs voisins.
En entrant dans Jericho, je decouvre une ville pleine de bus de touristes, animée, colorée plutôt sympa pour les touristes… La situation l’est beaucoup moins pour les palestiniens privés du droit de se déplacer librement, et confinés à plusieurs millions dans un espace grand comme à peine un département français mité de colonies.


Je dois rejoindre l’éco center d’Al Auja à qq km au nord de la ville mais j’ai pas d’adresse précise…  Commence alors un petit jeu de piste pour le trouver,  peu de palestiniens parlent anglais, et moi pas l’arabe mais à force j’arrive à (me) faire comprendre ce que je cherche . Finalement un chauffeur de taxi me met sur la bonne voie, et bingo j’y suis. 
Installation rapide dans ma chambre, et je file vers le centre de Jericho pour repérer les sites que je souhaite visiter ( mont des tentations, maison de Zachee, le jourdain, palais )… J’en profite pour manger : humus, salade arabe, pain pita, des falafelles ( boule pois chiche frites).
Visite du mont des tentations l’après midi, c’est là où le diable tente Jésus en le mettant en haut d’une falaise. Jésus ne craque pas …  Rencontre en montant de pèlerins autrichiens (pas australiens, no kangourou me précisent-ils),  des indiens de Bangalore à la descente. 
Retour à l’éco center, fait bien chaud et les gaz d’échappement des poids lourds qui me doublent  m’en remettent une couche.

Je pose des questions au responsable  sur les champs de palmiers que j’ai vus en bordure de Jericho. En fait ils appartiennent à des colonies, les palestiniens n’ont pas pu obtenir gain de cause, même auprès de la cour suprême si j’ai bien compris, contre l’accaparement de ces terrains, alors qu’ils sont quasi en zone urbaine de Jericho. Ces colonies étouffent et asphyxient l’économie palestinienne. J’ai vu aussi que ces champs étaient irrigués,  Il y a des forages très profond qui assèchent les sources habituelles aux dépends des palestiniens .  De toutes façons l’eau est rare une des missions de l’éco center est d’éduquer à l’économie au recyclage des eaux.


Apres cet échange je fais une lessive à l’économie d’eau pour pouvoir transpirer demain dans du propre.
Le soir repas dans une gargotte car je suis loin du centre, pas de sortie non plus, lecture dodo après un brin de causette avec des volontaires du centre …
Pour moi une journée banale, pour les palestiniens c’est chaque jour des difficultés et des humiliations à surmonter.

 

Panneau d'accueil à Jericho,  champs de palmiers , mur côté palestinien lire si possible le texte
Panneau d'accueil à Jericho,  champs de palmiers , mur côté palestinien lire si possible le textePanneau d'accueil à Jericho,  champs de palmiers , mur côté palestinien lire si possible le textePanneau d'accueil à Jericho,  champs de palmiers , mur côté palestinien lire si possible le texte

Panneau d'accueil à Jericho, champs de palmiers , mur côté palestinien lire si possible le texte

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H
Ave Frangin,<br /> Je rentre de Goutelas où j'ai passé quelques jours, ce qui explique mon silence relatif. J'en ai profité pour aller voir Nicolas et Christelle, ils vont bien et on l'air heureux. <br /> Tu fais de la méditation active, nul doute que tu en retires profit et joie. Le problème israëlo-palestinien date de la première guerre mondiale, il est indémerdable. La solution, a mon sens réside dans le partage, générateur de joie. Il sera résolu à plus ou moins long terme par la démographie, source de tensions et de ressentiments.<br /> En attendant carpe diem!<br /> je t'embrasse.<br /> Hervé
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C
J'ai voyagé dans ce beau pays en 1986. Et déjà, les Palestiniens étaient cantonnés à des terres impropres à la culture!
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